Publié sur Blog de Données

Les pays les plus performants sur le front de la réduction de la pauvreté

L’un des objectifs du Groupe de la Banque mondiale est de ramener l’extrême pauvreté — le fait de vivre avec moins de 1,90 dollar par jour en parité de pouvoir d’achat de 2011 — à moins de 3 % à l’horizon 2030. Depuis 1990, les progrès obtenus sur ce front sont clairement remarquables, partout dans le monde. Mais savez-vous exactement où ?

Le graphique suivant met en lumière les 15 pays ayant connu la plus forte réduction, en moyenne annuelle et en points de pourcentage, du taux d’extrême pauvreté entre 2000 et 2015, parmi un échantillon de 114 pays pour lesquels nous disposons de données comparables sur la même période.

Pour chacun de ces 15 pays, au moins 1,6 % de la population a réussi en moyenne à s’extraire chaque année de l’extrême pauvreté. Ce qui équivaut à 802,1 millions d’individus de moins vivant dans le plus grand dénuement entre 2000 et 2015. En Tanzanie par exemple, le taux de pauvreté extrême a reculé de 36,9 points de pourcentage entre 2000 et 2011, passant de 86,0 % à 49,1 % — soit une réduction annuelle moyenne de 3,2 points, l’équivalent de 5,3 millions de Tanzaniens. Le Tadjikistan, le Tchad et la République du Congo sont parvenus à faire reculer la pauvreté d’environ 3 points de pourcentage par an en moyenne.

Malgré le caractère toujours endémique de l’extrême pauvreté dans les pays à faible revenu et touchés par un conflit — dont un grand nombre se situent en Afrique subsaharienne — l’avenir n’est pas totalement sombre, même dans leur cas : sept des 15 pays de notre classement font partie du continent africain et deux figurent dans la Liste harmonisée des situations fragiles établie par le Groupe de la Banque mondiale pour l’exercice 2019.

Certains (Chine, Kirghizistan, Moldavie et Viet Nam) avaient éradiqué l’extrême pauvreté en 2015. D’autres (comme l’Inde) ont réussi à fortement réduire leur taux d’extrême pauvreté, mais cette situation concerne toujours des millions de personnes. Dans certains pays d’Afrique subsaharienne (comme la République démocratique du Congo, la Tanzanie ou le Burkina Faso), les taux d’extrême pauvreté restent supérieurs à 40 %, malgré des progrès rapides.

Les 15 pays les plus performants composent un groupe disparate — par leur situation géographique, leur niveau moyen de revenu, leur taux de pauvreté ou encore la taille de leur population et de leur économie :

  • deux, qui faisaient partie en 2000 du groupe des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, avaient accédé à la tranche supérieure en 2015 ; huit pays à faible revenu en 2000 sont devenus des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure en 2015 ; et cinq n’ont pas évolué sur la période et appartiennent toujours au groupe des pays à faible revenu ;
  • les écarts de taux de pauvreté extrême au tournant du siècle étaient importants, de 94,1 % en RDC (2004) à 28,6 % au Pakistan (2001) ;
  • la taille des populations varie de 2 millions d’habitants en Namibie (2003) à 1,3 milliard en Chine (1999) ;
  • la taille des économies s’échelonne de 861 millions de dollars au Tadjikistan à 1 200 milliards de dollars en Chine en 2000 (dollars courants).

Notes sur la sélection des données :

Les données sont tirées de la base de données PovcalNet. Deux critères de sélection ont été appliqués : 1) chaque pays devait avoir fait l’objet d’au moins deux enquêtes, la première entre 1995 et 2005 et la seconde entre 2010 et 2019 ; et 2) les mêmes indicateurs de bien-être (revenu ou consommation) devaient être utilisés dans chacune de ces enquêtes. L’application de ces filtres a permis de constituer un échantillon de 114 pays, dont des pays à revenu élevé.

L’astérisque (*) accolée au nom de pays indique que les taux de pauvreté d’une enquête à l’autre ne sont pas parfaitement comparables. Six pays ont été supprimés de l’échantillon, à cause de problèmes de fiabilité de la comparabilité des données : Népal, Niger, Gambie, Guinée, Îles Salomon et Équateur.

Pour le Kirghizistan, les données pour l’année 2000 sont celles de l’enquête sur le budget des ménages.

Le taux de croissance calculé correspond à l’année de l’enquête, qui n’est pas forcement l’année de référence.

Les informations sur le revenu médian sont tirées de PovcalNet et de la base de données mondiale sur la prospérité partagée.

Références : Classification des pays en fonction de leur revenu

 


Auteurs

Miyoko Asai

Consultante – analyste de données

Daniel Gerszon Mahler

Économiste senior, Groupe de gestion des données sur le développement, Banque mondiale

Silvia Malgioglio

Spécialiste en sciences sociales

Ambar Narayan

Économiste principal, pôle Pauvreté et équité, Banque mondiale

Minh Cong Nguyen

Expert en sciences des données, pôle Réduction de la pauvreté et équité, Banque mondiale

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